Par africine.org
Dakhla est une ville subsaharienne, située à l'extrême sud du Maroc, entre le désert et l'océan atlantique, région authentique qualifiée de presqu'ile à l'état de nature, à vol d'oiseau, 2 heures et 10mn à partir de Casablanca. Cette baie côtière est fidèle à son rendez-vous annuel : elle fête sa 11ème édition du Festival du film international (FIFID) qui se déroule du 2 au 8 Juin 2023 sous le slogan : "Dakhla, porte de l'Afrique".
En cette période printanière, les invités de cette messe exceptionnelle, vont jouir des beaux paysages, entre les somptueuses plages sauvages et les belles étendues des dunes sableuses. Ces atouts font de cette région un endroit touristique par excellence, dotée d'une situation géographique privilégiée. Dakhla est très connue pour le sport de surf nautique et ses ports de pèche, célèbre par la pêche insolite, sollicitée par les visiteurs de ce petit bout de ville.
D'ailleurs c'est l'un des buts des organisateurs du festival, de promouvoir le tourisme, non seulement local mais aussi international, et joindre l'utile à l'agréable. Sous les yeux veillant des membres de l'association d'animation culturelle et artistique des provinces du sud marocain, organisatrice de ce forum du cinéma, les professionnels de l'industrie cinématographique et les amoureux du son et image vont pouvoir visionner une liste de films africains et œuvres filmiques arabes programmés.
La sélection 2023
Pour les longs métrages :
01 - Regarder les Etoiles (Simin Zetwal), du Mauricien David CONSTANTIN
02 - Our Lady of the Chinese Shop (Nossa Senhora da Loja do Chinês), de l'Angolais Ery CLAVER
03 - L'accord, de Frank Thierry LÉA MALLE (Cameroun)
04 - Tembele, de l'Ougandais Morris MUGISHA
05 - Amani, d'Ahmed TOIOUIL des Iles Comores
06 - Mayouya, de Claudia YOKA du Congo
07 - L'esclave, du Marocain Abdelilah ELJAOUHARY (Abdelilah El Jouhari)
08 - The sons of the lord, de la Tunisienne Imane BEN HASSIN
09 - La porte verte, de l'Egyptien Raouf ABDELAZIZ
10 - Sahari-slem wsaa, du Marocain Moulay Tayeb BOUHANANA
Ces 10 films sont en lice dans la compétition officielle du festival.
Les courts métrages qui rêvent de gagner un des prix de la compétition :
01 - En route, de Leslie TÔ de Burkina Faso
02 - Twin Lakes Haven, signé par Philibert Aimée MBABAZI du Rwanda
03 - Astel, de la Sénégalaise Ramata-Toulaye SY
04 - Breaking ground, d'Inès GIRIHIRWE (Rwanda)
05 - Mes parents vont-ils venir me voir ? (Will My Parents Come to See Me?), du Somalien Mo HARAWE
06 - Zoe, signé par Carmen Vvivian NETTO de la Centrafrique
07 - Cicatrices, Insaf Arafa de la Tunisie
08 - Tsutsue, Armeï Amar du Ghana
09 - Le Burqa, du Marocain Wahid Senouji
10 - Story, de Mohamed Bouhari du Maroc
Les pays qui ont honoré la présence à cette édition sont : le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Rwanda, l'Angola, l'Ouganda, l'Afrique Centrale, les Iles Comores, le Burkina Faso, l'Egypte, la Tunisie, la Somalie, le Cameroun, le Ghana, les Iles Maurice et le pays hôte le Maroc.
À partir du 02 Juin 2023, les habitants au bobo bleu du Dakhla et l'ensemble des professionnels du 7ème art présents vont apprécier les 1ères séances du cinéma. Le festival déroulera au Palais du congrès, situé à la place Moulay Hassan. Faute de salles obscures, d'autres projections se passeront en plein air, en attendant que les décideurs et élus de la ville à caractère stratégique continuent à œuvrer dans le sens de doter la ville de lieux de projection. Ce permettra de concrétiser la création d'une sphère cinématographique à la hauteur d'un événement incontournable pour les mordus de cet art.
Les jurys et les prix
La fête va continuer jusqu'au 08 Juin. Donc, une semaine aux couleurs d'arc en ciel qui caractérisent les drapeaux des pays participant au festival. Le FIFD a bénéficié d'une subvention de 650 000 DH octroyée par le Centre Cinématographique marocain (le CCM). Comme à l'accoutumé, le FIFD va décerner des prix aux œuvres qui ont retenu l'attention des jurys. Il s'agit du Grand prix, le Prix du jury, le Prix du meilleur rôle masculin et le Prix du meilleur rôle féminin.
A la tête du jury des longs métrages, l'honneur est à Freida Ekotto, écrivaine romancière camerounaise, responsable des études africaines à l'université de Michigan (USA). Elle est entourée de Maka Kotto, cinéaste et ancien ministre de la culture du Québec, Sanaa Alaoui, actrice marocaine, Dana Scholdelmayer, productrice et chef costumière américaine ainsi que de Sylvestre Amoussou, réalisateur béninois.
Pour les courts métrages c'est Bilal Marmid, journaliste et critique du cinéma marocain qui présidera les travaux du jury, les membres, sont : Nahed Salah, écrivaine et critique du cinéma égyptienne, Amal Saad Bouh, réalisatrice mauritanienne, Bakkar Dlimi journaliste marocain et Nadia Touijar monteuse tunisienne.
A Dakhla, les femmes sont aussi à l'honneur, on les retrouve présentes en tant que coach et initiatrices des matières qu'elles maitrisent. Il s'agit de Nadia Touijri dont la tâche est d'assister un groupe de jeunes au techniques du montage. Quant à Kawtar Tazmouti, elle donnera des cours de montage financier sur le système de la fabrication des films. Pour l'occasion, le réalisateur marocain Abdelwahed Mjahed va exposer son expérience d'auto-production dans le cas de son 1er long métrage intitulé Dados.
De son côté, Moulay Ahmed Alaoui présentera les dernières évolutions concernant les droits d'auteur et aux droits voisins. C'est dans ce cadre qu'un hommage a été réservé à Mme Dalal Mhamedi Alaoui, directrice du bureau du droit d'auteur.
Au programme aussi, un hommage est réservé au réalisateur et producteur angolais Zézé Gamboa. Sur la liste, on retrouve une figure emblématique de la scène artistique marocaine : la belle danseuse et actrice Asmaa Al Khamlichi. Très connue dans la sphère cinématographique égyptienne, l'actrice Rania Farid Chawki est aussi de la partie.
Dakhla est donc devenue un lieu de rencontre entre les professionnels du cinéma en Afrique et le monde arabe, les réalisateurs, cinéastes, artistes, chercheurs, jeunes cinéphiles et producteurs. Tout ce beau monde cherche à tisser des liens fructueux pour promouvoir l'industrie cinématographique. Un moyen de préserver l'identité du continent africain, s'approprier et récupérer les trésors longtemps pillés par l'occident. C'est une manière aussi d'œuvrer à atténuer les problèmes politiques qui menacent la stabilité des pays, telles que les guerres civiles en Afrique.
Le film Itara du réalisateur rwandais Kassim Rugbigha en dit plus sur cette mascarade qui a fait beaucoup de dégâts sur tous les niveaux. Un autre réalisateur soudanais Mohamed Kordofani que la guerre a affecté et a plongé son pays dans une situation très critique, l'a poussé à faire son long métrage. Intitulé Goodbye Julia, c'est un cri d'alarme pour inciter les responsables à freiner cette tuerie, ce film a fait un tabac lors de sa projection au festival de Cannes pour sa 76ème édition.
L'instabilité politique de l'Angola a toujours été une source d'inspiration pour le réalisateur et producteur angolais Zézé Gamboa.
Le cinéma contribue aussi à dévoiler les tares de la société africaine, en l'occurrence la situation flagrante des femmes miséreuses, telle que la situation que vit Binta mère combattante qui lutte pour survivre, un problème soulevé, dans le court métrage Souk, signé par le réalisateur burkinabé Gaston Bonkoungou. Le mariage précoce surtout dans les pays arabes spécialement le Maroc, la Syrie et la Jordanie, dévoile les souffrances de ces jeunes filles mariées malgré elles … Il y a aussi un problème dont les séquelles ne sont pas des moindres, un problème très courant chez les fillettes surtout en Afrique, c'est la circoncision féminine, une mutilation génitale qui concerne l'ablation partielle ou totale du clitoris, une pratique condamnée par les droits de l'homme, vu les conséquences néfastes sur la personne qui a subi l'opération. Ce problème, la réalisatrice égyptienne Marwa Cherkawi l'a souligné dans son film Azizati ward (Ma chérie Ward).
La situation épineuse des mères célibataires répandue dans plusieurs pays africains y compris les pays arabes, le Maroc par exemple, mérite aussi un signal, le film Sokhna du réalisateur ivoirien Boris Boué le traite, en traçant l'histoire de Fanta, une jeune femme se trouvant seule dans un monde sans pitié, mais obligée de subvenir aux besoins de son enfant sans la moindre assistance.
Signalons aussi qu'au menu, d'autres activités sont prévues, dont un colloque, un master class, ateliers de formation pour ceux qui aiment assurer un suivi des matières cinématographiques, des réunions entre les professionnels en vu de conclure des accords de partenariat, une séance de dédicace du livre du Dr Abdellah Abou Aouad intitulé "Le film documentaire, présentations pratiques et approches scientifiques". Une autre activité, devenue une tradition dans les programmes des festivals, très applaudie par les associations des droits de l'homme, en l'occurrence la rencontre et la projection de films en faveur aux détenus à Dakhla, en guise de leur faire sentir qu'ils font toujours partie de la société.